S.E. Mme Isabelle Picco appelle à l'action pour la sauvegarde des Océans et de la biodiversité
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S.E. Mme Isabelle Picco appelle à l'action pour la sauvegarde des Océans et de la biodiversité

Publié le 10 décembre 2019 à 12h00 - Mis à jour le 25 juillet 2023 à 03h03

Intervention de  S.E. Mme Isabelle PICCO, Ambassadeur, Représentant permanent de Monaco auprès des Nations Unies

 

 

Monsieur le Président,

Ma délégation souhaite en tout premier lieu adresser ses remerciements au Secrétaire général et à la Division des affaires maritimes et du droit de la mer pour le rapport consacré aux océans et au droit de la mer, synthétique et de grande qualité.

Permettez-moi de rendre un hommage particulier à la Directrice, Mme Gabrielle Goettsche-Wanli, pour ses compétences reconnues et appréciées et son dévouement à la tête de la Division.

Monsieur le Président,

Depuis le dernier examen de ce point de l’ordre du jour par l’Assemblée générale, l’attention politique s’est renforcée autour du lien entre l’océan, le climat et la biodiversité.

Selon le rapport de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), « la biodiversité s’appauvrit plus rapidement que jamais dans l’histoire de l’humanité ».

A ce constat alarmant s’ajoute ceux du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) et de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) sur les impacts du changement climatique.

Le rapport spécial du GIEC sur l’océan et la cryosphère, approuvé en septembre dernier à Monaco, expose de façon irréfutable les effets désastreux observés et anticipés du changement climatique sur les océans et les mers. 

A cet égard, nous regrettons que les conclusions du rapport ne soient pas mieux reflétées dans les projets de résolutions alors que ces conclusions constituent l’information scientifique la plus récente et qu’elles sont incontestables.

En effet, les modifications physiques et chimiques qui affectent l’Océan entraînent toute une chaîne de conséquences sur les écosystèmes marins, sur la biodiversité marine et sur les populations humaines, en particulier les plus vulnérables vivant près des côtes, dans les pays en développement et les PEID en particulier.

Les questions qui se présentent à nous sont les suivantes : comment ferons-nous face à la réduction de la cryosphère mondiale et la fonte des glaces, face à l’acidification et la déoxygénation des océans, et face à la modification de la distribution des espèces marines et aux impacts sur la biomasse marine globale.

Le coût de l’inaction se fera sentir d’autant plus durement que nous refusons d’en mesurer les conséquences. Or, nous savons que des contributions déterminées au niveau national ambitieuses et des réductions d’émissions de gaz à effet de serre sont les conditions sine qua non pour un futur viable.

Même dans un scénario de hausse des températures de 1,5 °C, 80% des coraux seraient menacés. Des impacts socio-économiques très graves, en particulier pour les pêches locales et artisanales et pour le tourisme durable, paraissent inévitables.

De surcroît, 680 millions de personnes vivent aujourd’hui dans des zones de faible élévation. Or, la montée du niveau de la mer, qui va en s’accélérant, nécessitera alors des investissements d’infrastructure énormes et engendrera des enjeux de sécurité bien réels dans les prochaines décennies.

Chaque année, nous assistons à des événements climatiques extrêmes et des catastrophes naturelles qui mettent en péril la résilience des zones côtières.

Monsieur le Président,

Le temps de dire que ces phénomènes sont alarmants est passé.

Le temps de dire qu’il y a urgence à agir est passé. C’est désormais le temps de l’action.

Il y a urgence à concrétiser les engagements pris depuis plusieurs années, notamment le programme 2030 et les orientations de SAMOA.

C’est dans ce contexte que se tiendra, en juin prochain, la Conférence de Lisbonne pour appuyer la mise en œuvre de l’ODD 14, pour lequel quatre cibles arrivent à échéance.

Juste avant la Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques en faveur du développement durable (2021-2030), le thème de la Conférence de Lisbonne nous incite à porter la plus grande attention à l’intensification de l’action fondée sur la science et l’innovation.

Nous soutenons les efforts de la Commission océanographique intergouvernementale de l’UNESCO pour la préparation de cette Décennie.

Monsieur le Président,

L’élaboration d’un Accord de mise en œuvre de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer pour la conservation et l’exploitation durable de la biodiversité marine des zones situées au-delà des limites de la juridiction nationale constitue aussi un développement particulièrement important du droit international de la mer. Nous réaffirmons ici notre engagement à avancer vers la conclusion d’un accord ambitieux le plus tôt possible.

Monsieur le Président,

Comme beaucoup d’autres, nous avons l’intime conviction que l’Océan doit être partie intégrante des réponses que nous apportons, à tous les niveaux, dans le cadre de l’action climatique.

La Principauté de Monaco s’est ainsi engagée à redoubler d’efforts pour atteindre son objectif de réduction de 50% de ses émissions de gaz à effet de serre en 2030 par rapport à 1990, sur la trajectoire d’une neutralité carbone à l’échéance 2050.

L’accroissement de la part des énergies renouvelables est l’un des piliers de notre mission pour la transition énergétique.

Le développement de la thalassothermie permet de récupérer l’énergie calorifique de la mer pour chauffer et climatiser de nombreux bâtiments.

Par ailleurs, un prototype développé par une entreprise monégasque pour convertir l’énergie houlomotrice sera déployé en 2021 pour une période de test.

La Principauté de Monaco entend également continuer à assumer sa part, aux niveaux local, régional et international. 

Exemple de cet esprit de coopération, l’Accord PELAGOS relatif à la création d’un Sanctuaire de mammifères marins entre la France, l’Italie et Monaco a fêté cette année son vingtième anniversaire.

Mieux comprendre notre environnement immédiat, la mer Méditerranée, est l’un des enjeux auquel Monaco attache une grande importance.

Par exemple, Monaco soutient la mission Sphyrna Odyssey, qui étudie actuellement le comportement de cétacés capables de plonger en profondeur, notamment les cachalots, baleines de cuvier et dauphins de risso, à l’aide de navires laboratoires autonomes. Cette mission se penche en particulier sur les déplacements de ces espèces et les pollutions sonores dues aux activités humaines. Un passage de ces drones de surface doit intervenir au large de Monaco mi-décembre.

A l’international, la Principauté appuie la science et la coopération par les « Explorations de Monaco ». Par les missions scientifiques menées dans toutes les régions du monde, ces « Explorations » promeuvent la recherche, la protection de la mégafaune, la protection des coraux, les nouvelles technologies d’exploration et le développement des aires marines protégées.

L’engagement de « réconcilier l’humanité et la mer » porté par Son Altesse Sérénissime le Prince Albert II et soutenu par l’ensemble des entités monégasques est plus important que jamais.